Fiche technique:


-


ACCUEIL

  

LES ARMES

 
INDEX GENERAL

 
LEXIQUE


(Si un terme vous pose problème, l'index général et le lexique sont à votre disposition)



Le fusil d'infanterie de 11 mm GRAS 

modèle 1866-74, modèle 1866-74 M80,

modèle 1874 et modèle 1874 M80:


 
fusil GRAS mle 1866-74 ou mle 1866-74 M80:

 
fusil GRAS mle 1874 ou mle 1874 M80:


I) Renseignements numériques:

Longueur de l'arme:
1310 mm
Longueur de l'arme avec baïonnette:
1835 mm
Longueur du canon:
795 mm
Longueur de la ligne de mire:
/
Hauteur:
 /
Poids à vide:
 4,200 kg
Poids avec baïonnette:
4,760 kg
Contenance du magasin:
 / (mono coup chargement par la culasse)
Calibre:
 11 mm
Munition:
cartouche mle 1874 (11x59R)
Cartouches utilisées:
mle 1874 à balle cylindro-ogivale en plomb pur (25 gr) et charge de 5,25 gr de poudre F1

mle 1879 à balle cylindro-ogivale en plomb pur (25 gr) et charge de 5,25 gr de poudre F1 ou F3

mle 1879-83 à balle à méplat en plomb durci (25 gr) et charge de 5,25 gr de poudre F1

mle 1879-83 à balle à méplat en plomb chemisé de laiton (25 gr) et charge de 3,30 gr de poudre BFP1

à blanc mle 1874-79 sans balle chargée de 5,25 gr de poudre B, F1 ou F3 ou 4,5 g de poudre à fusil ordinaire

de tir réduit à balle sphérique en plomb pur de 8,7 g chargée de 0,4 gr de poudre B, F1 ou F3
Rayures:
 4 à gauche au pas de 550 mm
Vitesse initiale (Vo):
 450 m/s
Energie initiale (Eo):
 252 kg/m
Vitesse pratique de tir:
9 coups/min
Portée pratique:
200 m (hausse de combat ou but en blanc)
Portée utile maxi:
 1800 m
Pénétration:
150 mm de terre à 90 m
Perforation:
6,5 mm de tôle à 200 m

II) Caractéristiques générales:

Classification:
arme individuelle d'épaule, non automatique
Subdivision:
fusil d'infanterie
Utilisation:
tir aux distances moyennes à longues
Canon:
rayé, chargement par la culasse
Système moteur:
action directe du tireur
Système de fermeture:
culasse calée à verrou fixe
Alimentation:
manuelle, pas de magasin
Système de détente:
simple par détente-gâchette
Système de percussion:
percussion rectiligne
Extraction:
par extracteur à branche porté par la tête de culasse
Ejection:
par vis éjecteur
Sécurités:
par la rampe hélicoïdale de culasse
Sûretés:
sans
Appareils de pointage:
hausse mle 1874 à curseur sur rampe (200-300 m) et planchette (350-1800 m)

guidon triangulaire sur embase
Accessoires à la puissance de feu:
/
Baïonnette:
épée-baïonnette modèle 1874
Marquages:
sur la boîte de culasse (modèle et fabricant)

sur le canon (année de fabrication)
Finition:
bronzée sauf plaque de couche, culasse, baguette, pontet et détente qui sont polis blanc
Fabricants:
Manufacture d'Armes de St-Etienne

Manufacture d'Armes de Châtellerault

Manufacture d'Armes de Tulle

Manufacture d'Armes de Steyr (Autriche)-culasses et baïonnettes jusqu'en 31 décembre 1877
Exemplaires fabriqués:
2 250 000 environ de 1875 à 1884
Période d'utilisation:
de 1874 à 1940 environ
Versions et dérivés:
fusil d'infanterie mle 1874 M80 M14

différents lance-artifices, lance-amarres ou fusils signaleurs

fusil d'entrainement à l'estoc (Gras d'escrime)

fusil de tir réduit en .22 LR

fusils de prix de tir

armes rechambrées en calibre de chasse
Classification:
8° catégorie

III) Historique:

La défaite de 1871 sonne le glas du Chassepot, ses défauts intrinsèques et les énormes pertes en matériels lui ont été fatals. Malgré cela, et devant les nouvelles menaces pesant sur nos frontières la fabrication est relancée et le stock global devient très vite important. L'adoption du Mauser 1871 par la Prusse est inquiétante dans le sens qu'avec sa cartouche métallique il donne une longueur d'avance à ses concepteurs. Face à ce "défi" et ne voulant pas rester en reste, la France crée plusieurs commission d'études, la première, en septembre 1872 adopte le principe de la cartouche métallique en remplacement de la cartouche papier. La deuxième, en 1873, doit statuer sur l'adaptation de notre armement à la cartouche métallique. Plusieurs projets sont présentés, du plus économique (création d'une cartouche métallique épousant les formes de la chambre du Chassepot) au plus radical (adoption d'un nouveau fusil). Finalement ne restent en lice que deux projets, le premier est le fusil hollandais De Beaumont et celui présenté par le Capitaine Gras, basé sur la transformation du Chassepot.
Plusieurs faits plaident pour cette dernière solution, en particulier son coût modique (pas de grosses transformations), la possibilité de "rentabiliser" l'énorme stock de Chassepot hérité de la course aux armement et enfin la robustesse du système. Le fusil hollandais avait de plus une particularité qui empechait de couder son levier d'armement, le ressort du percuteur étant logé à l'intérieur, de ce fait il ne pouvait pas être adapté pour l'usage de la cavalerie.
Les deux armes subirent des essais en corps de troupe et le 7 juillet 1874 le fusil du système Gras est adopté sous l'appellation de fusil d'infanterie modèle 1874.
L'approvisionnement des armes aux corps de troupes se fera dès lors de trois manières:
Mle 1866-74T: transformation du fusil Chassepot par rechambrage, le canon de l'arme est encore en bon état, il est procédé à l'alésage de la chambre et une pièce cylindrique (usinée aux côtes de la cartouche métallique) est emmanchée à force dans cette alésage. Un poincon T est apposé sur le pan supérieur de la boîte de culasse mais cette prescription est parfois négligée et le seul moyen de reconnaitre alors un 1866-74T est de regarder par la chambre, il est alors possible de distinguer le raccordement de la nouvelle chambre au canon.
Mle 1866-74N: transformation du fusil Chassepot par recanonnage, le canon de l'arme est en mauvais état, il est procédé à son échange complet et au fraisage du logement de l'extracteur sur la boîte de culasse. Un poincon N est apposé sur le pan supérieur de la boîte de culasse mais là aussi cette prescription est parfois négligée.
Dans les deux cas la culasse est remplacée et matriculée, l'arme est bronzée, la hausse est remplacée, la baguette de nettoyage est modifiée et un taquet destinée a recevoir la partie filetée de la baguette est brasé sur l'embase avant du pontet.
Mle 1874 "pur": arme construite neuve.
Le système Gras subira peu de modifications, la principale a lieu en 1880 lorsqu'à la suite d'incidents de tir suite à des ruptures de culots et la projection de gaz brulants au visage des tireurs il est décidé de fraiser une saignée dans la boîte de culasse et d'agrandir celle déjà existante sur la culasse. Cette modification sera en principe appliquée à toutes les armes du système mais certaines y échapperont comme l'exemplaire en photo ici présent.
Une autre modification interviendra au début de la guerre de 14-18 avec le changement de canon permettant d'utiliser la cartouche de 8 mm du Lebel. Cette arme, le mle 1874 M80 M14 est traitée à part car indépendante du système Gras.
A partir des années 1890 les armes du système Berthier commencant à entrer en service, le système Gras s'éclipse peu à peu, le stock est vendus progressivement pour la traite (en Afrique principalement) ou à des armuriers privés qui les transforment en armes de chasse (en calibre 16, 20 ou 24) ou en armes de tir.
A l'entrée en guerre en 1914 les Gras, tous modèles confondus, équipent les troupes de seconde ligne (territoriaux et garde-voies) et ils le resteront jusqu'à la fin du conflit. En 1915 450 000 exemplaires seront fournis à la Russie Tsariste et durant tout le conflit de nombreux exemplaires serviront à fabriquer des lance-fusée pour notre armée de terre ou des lance-amarres pour notre marine. 1918 et l'entre-deux guerres verront le retrait définitif du système Gras, les derniers exemplaires seront soit revendus en Afrique soit stockés. Certains exemplaires armeront quelques troupes en 1940 comme les personnels au sol de l'armée de l'air mais c'en était finit de cette arme robuste, simple et fiable qui ne doit son manque de considération qu'à l'abscence de conflit majeur durant son existence.

IV) Fonctionnement et constitution:

Le "GRAS" comprend quatre parties: l'ensemble canon-boîte de culasse, la culasse, le bois et les garnitures.

L'ensemble canon-boîte de culasse est composé du canon sur lequel vient se visser à sa partie postérieur la boîte de culasse.

   

Le canon porte les organes de visée et le tenon de baïonnette, la hausse est du type à rampe et curseur et le guidon est fixe.


 
   
 
hausse au cran 300 m:

hausse vers l'avant:
(hausse de combat-200 m)
hausse relevée au maximum:
(hausse 1800 m)
 
 
 
guidon:
tenon de baïonnette:



baïonnette montée:


La boîte de culasse est entaillée d'une saignée permettant le passage de la culasse mobile. Il n'y a pas de magasin, l'alimentation se faisant manuellement au coup par coup. La partie inférieure de la boîte de culasse comprend l'éjecteur.

 
 
culasse fermée:
culasse ouverte:


chien au repos:
chien à l'armé:

 
entrée de chambre d'un GRAS 1874 "pur":

entrée de chambre ayant subie la
modification de 1880:

vue de l'éjecteur:

transformation d'un chassepot en gras (Mle 1866-74T):







La culasse comprend trois parties principales "visibles", le chien, le corps de culasse et la tête de culasse auquelles viennent s'ajouter l'extracteur, le percuteur, son ressort et le bouchon de culasse (voir démontage sommaire):

 
   
culasse complète:

tête de culasse déposée:

 
 
cartouche mle 1879:

cartouche mle 1879-93
(ici, fabriquée par les Ets Gevelot):


Le bois est en une seule pièce, il est entaillé dans sa partie inférieure avant d'une saignée pour le passage de la baguette de nettoyage, il porte également les ressorts de grenadière et d'embouchoir:

     

logement de la baguette de nettoyage:


Les garnitures sont constituées des fixations du canon au bois, de la plaque de couche et du pontet:

   


grenadière:



embouchoir:

  

   
plaque de couche:
battant de crosse:
pontet:


Le côté gauche de la boîte de culasse comporte le marquage du fabricant et celui du modèle:

marquage d'un GRAS 1874 "pur":

  
 
marquages de la
Manufacture d'armes de St-Etienne
marquages de la
Manufacture d'armes de Châtellerault
marquages de la
Manufacture d'armes de Tulle


marquage d'un GRAS 1874 M80:
   


marquages de la
Manufacture d'armes de St-Etienne
marquages de la
Manufacture d'armes de Châtellerault
marquages de la
Manufacture d'armes de Tulle


marquage d'un GRAS 1866-74:



marquages de la
Manufacture d'armes de St-Etienne
marquages de la
Manufacture d'armes de Châtellerault
marquages de la
Manufacture d'armes de Tulle




marquages de la
Manufacture Impériale d'armes de Mutzig



marquage d'un GRAS 1866-74 M80:
   


marquages de la
Manufacture d'armes de St-Etienne
marquages de la
Manufacture d'armes de Châtellerault
marquages de la
Manufacture d'armes de Tulle

 


marquages de la
Manufacture Impériale d'armes de Mutzig



Le côté latéral droit du canon comporte le marquage de l'année de fabrication précédée d'une lettre de série:

 


marquages de la
Manufacture d'armes de Châtellerault
(mle 1874"pur")
marquages de la
Manufacture d'armes de Tulle
(mle 1874"pur")
marquages de la
Manufacture d'armes de St-Etienne
(mle 1874"pur")


 
marquages de la
Manufacture d'armes de Châtellerault
+date de rechambrage (mle 1866-74T)
ou
+date de recanonnage (mle 1866-74N)
marquages de la
Manufacture d'armes de Tulle
+date de rechambrage (mle 1866-74T)
ou
+date de recanonnage (mle 1866-74N)
marquages de la
Manufacture d'armes de St-Etienne
+date de rechambrage (mle 1866-74T)
ou
+date de recanonnage (mle 1866-74N)
 

Le côté inférieur gauche de la boîte de culasse et le côté latéral gauche du canon comportent le marquage du numéro matricule, précédé d'une lettre de série
(lettre A, B ou C pour Châtellerault, lettre F, G, H, K, L, M, N, P ou Q pour St-Etienne et lettre R, S ou T pour Tulle)



n° sur le canon:
n° sur la boîte de culasse:

Autres marquages:

   
  
   
n° sur le chien:
n° sur le corps de culasse:
n° sur la tête de culasse:



n° sur la crosse:
n° sur le tenon de baïonnette:
n° sur la baguette:




macaron sur la crosse
(ici fabrication de la MAS d'avril 1879):
marquage régimentaire sur
plaque de couche:

La plupart des pièces comportent différents poinçons de réception, en général  une lettre, parfois couronnée, entourée d'un cercle.




poinçons sous la boîte de culasse
et le canon:
lettres S et L sur la crosse:

lettres BA, B et R sur la crosse:



V) Démontage-remontage:

Démontage sommaire:

Le soldat n'était autorisé à démonter son arme que sommairement. L'entretien courant  consistait donc à nettoyer le canon avec la baguette de nettoyage et à déposer et nettoyer la culasse.

Le démontage sommaire se limite à la dépose de la culasse, très simple il se fait en trois phases:
  • ouvrir la culasse,
  • dévisser la vis située sur le côté droit de la boîte de culasse et la déposer.
  • sortir la culasse par l'arrière.



vis de dépose de culasse:
culasse déposée:
 

Démontage complet:

Le démontage complet devait être assuré par l'armurier de la compagnie ou du régiment car lui seul possédait l'outillage spécialisé.
Il consiste en quatre phases:
  • dépose de la culasse comme pour un démontage sommaire,
  • séparation de l'ensemble canon-boîte de culasse du bois,
  • dépose des garnitures,
  • démontage de la culasse.
1° phase:
dépose de la culasse: voir démontage sommaire
2° phase:

Séparation de l'ensemble canon-boîte de culasse du bois:
  • sortir la baguette de son logement,
  • chasser la lame-arrêtoir de son logement sur l'embouchoir et déposer ce dernier,
  • chasser la lame-arrêtoir de grenadière et déposer cette dernière,
  • dévisser la vis de queue de culasse et la déposer,
  • séparer l'ensemble canon-boîte de culasse du bois.
 

3° phase:

dépose des autres éléments de l'arme:
  • dévisser les vis de l'ensemble détente-ressort de détente et les déposer, séparer l'ensemble détente-ressort de détente de l'ensemble canon-boîte de culasse,
  • dévisser les vis de la plaque de couche et les déposer, séparer la plaque de couche du bois,
  • dévisser les vis du battant de crosse et les déposer, séparer le battant de crosse du bois,
  • dévisser les vis de pontet et les déposer, séparer le pontet du bois, déposer la contre plaque de pontet,

ensemble détente-ressort de détente déposé:
 


plaque de couche
et battant de crosse démontés:
pontet démonté:



4° phase:

démontage de la culasse:
  • séparer la tête de culasse de la culasse,
  • séparer par l'avant l'extracteur de la tête de culasse,
  • appuyer verticalement la pointe du percuteur sur une surface "tendre" (bois d'une table par exemple),
  • descendre le chien au contact du corps de culasse de façon à libérer le bouchon de percuteur,
  • faire coulisser latéralement le bouchon de percuteur et le séparer du percuteur,
  • laisser le ressort de percuteur se décomprimer,
  • séparer le chien, le percuteur et le ressort  de percuteur du corps de culasse.





démontage complet terminé:
(sauf détente)

Remontage complet:

Dans le sens inverse du démontage en n'oubliant pas les coups de bon fonctionnement pour s'assurer de la réussite du remontage...


VI) Accessoires:

  • 1 bretelle en cuir,



  • 1 baïonnette (épée-baïonnette Mle 1874),

 

  • 1 fourreau,
 
  • 1 porte-fourreau,

  • 1 baguette de nettoyage fixée à demeure sur l'arme,

   
 
 
baguette en place sur l'arme:
gros plan de la tête de baguette:


  • 1 nécessaire d'arme modèle 1866,

  • 1 ceinturon,

  • 1 giberne (contient une partie des 78 cartouches de dotation, le reste est emporté dans le sac)
  • puis à partir de 1877, 2 cartouchières (pour des paquets de 6 cartouches) remplacent la giberne.


giberne:
cartouchière:

 

VII) Divers:



vue droite baïonnette montée: