Fiche technique:


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LES ARMES

 
INDEX GENERAL

 
LEXIQUE


(Si un terme vous pose problème, l'index général et le lexique sont à votre disposition)



Le fusil d'infanterie de 11 mm modèle 1866:


 


I) Renseignements numériques:

Longueur de l'arme:
1310 mm
Longueur de l'arme avec baïonnette:
1885 mm
Longueur du canon:
795 mm
Longueur de la ligne de mire:
/
Hauteur:
 /
Poids à vide:
 4,100 kg
Poids avec baïonnette:
4,724 kg
Contenance du magasin:
 / (mono coup chargement par la culasse)
Calibre:
 11 mm
Munition:
cartouche combustible mle 1866 à balle de plomb (25 gr) et charge de poudre (5,5 gr de poudre B)
Rayures:
 4 à gauche au pas de 550 mm
Vitesse initiale (Vo):
 375 m/s
Energie initiale (Eo):
 176 kg/m
Vitesse pratique de tir:
7 à 14 coups/min (en fonction de l'encrassement)
Portée pratique:
  150 m (hausse de combat ou but en blanc)
Portée utile maxi:
 1200 m avec hausse mle 1866

1700 m avec hausse mle 1874
Pénétration:
/
Perforation:
/

II) Caractéristiques générales:

Classification:
arme individuelle d'épaule, non automatique
Subdivision:
fusil d'infanterie
Utilisation:
tir aux distances moyennes à longues
Canon:
rayé, chargement par la culasse
Système moteur:
action directe du tireur
Système de fermeture:
culasse calée à verrou fixe à armement en deux temps
Alimentation:
manuelle, pas de magasin
Système de détente:
simple par détente-gâchette
Système de percussion:
percussion rectiligne
Extraction:
sans (cartouche combustible)
Ejection:
sans (cartouche combustible)
Sécurités:
/
Sûretés:
cran de sûreté sur levier d'armement (arme chargée-levier d'armement à 45°-chien à l'abattu)
Appareils de pointage:
hausse mle 1866 à curseur sur gradins (200-400 m) et planchette (500-1200 m)

hausse mle 1874 (hausse mle 1866 + rallonge  pour tir jusqu'à 1700 m)

guidon triangulaire sur embase
Accessoires à la puissance de feu:
/
Baïonnette:
sabre-baïonnette modèle 1866
Marquages:
sur la boîte de culasse (modèle et fabricant)

sur le canon (année de fabrication)
Finition:
polie
Fabricants:
Manufacture Impériale de Châtellerault

Manufacture Impériale de St-Etienne

Manufacture Impériale de Tulle

Manufacture Impériale de Mutzig

Cahen Lyon et cie (firme privée)

Potts et Hunts à Londres (Grande-Bretagne)-sous-traitance pour Cahen Lyon et cie

firmes à Birmingham (Grande-Bretagne)-sous-traitance pour Cahen Lyon et cie

firmes à Palencia (Espagne)-sous-traitance pour Cahen Lyon et cie

firmes à Brescia (Italie)-sous-traitance pour Cahen Lyon et cie

firmes à Liège (Belgique)-sous-traitance pour Cahen Lyon et cie

firmes à Vienne (Autriche)-sous-traitance pour Cahen Lyon et cie
Exemplaires fabriqués:
1 050 000  de 1867 à 1875
Période d'utilisation:
de 1867 à 1874 environ
Versions et dérivés:
fusil mle 1866 pour la cavalerie d'Afrique

carabine de cavalerie mle 1866

mousqueton d'artillerie mle 1866

carabine de gendarmerie à pied mle 1866

carabine de gendarmerie à cheval mle 1866
Classification:
8° catégorie

III) Historique:

Dérivé du fusil d'infanterie d'essai dit du camp de Châlons, le Chassepot fut adopté le 30 août 1866 sous l'appellation officielle de fusil d'infanterie Mle 1866. Des modifications sont apportés, en particulier sur la queue de détente, les organes de visée et la baguette de nettoyage puis la fabrication en série est lancée. Rompant définitivement avec le chargement par la bouche des systèmes antérieurs, il est le premier système d'arme à culasse mobile ce qui augmentait considérablement la cadence de tir de l'époque. Au printemps de 1867 la toute récente Manufacture Impériale de St-Etienne sortie les premières armes de série.
La première unité à en être doté est le bataillon des Chasseurs à pied de la Garde en septembre 1866 et sa première intervention au combat à lieu en 1867 à Mentana où il y a "fait merveille" selon les propres mots du général de Failly. Il sera encensé par l'Etat-major et nos dirigeants politiques malgré ses défauts (aiguille fragile, encrassement important du à l'utilisation d'une cartouche à poudre noire, ratés de percussion...). Afin de réaliser l'obturation et empêcher les gaz de s'échapper vers l'arrière la tête de culasse comporte un joint en caoutchouc vulcanisé, une première en cette période d'innovation technologique. Le système est fiable mais fragile, il a été adopté précipitamment afin de faire face aux menaces de guerre avec la Prusse et de ce fait le grand pas qu'aurait été l'adoption d'une cartouche metallique n'a pas été possible. Malgré tout il sera l'un des meilleurs fusils de son temps et inaugurera la fabrication en grande série au sein de manufactures d'Etat. Devant les énormes besoins en armes de cette époque l'industrie privée sera également mise à contribution. La firme Cahen Lyon et cie, détentrice du brevet, ne pouvant assurer seule et dans les temps la fourniture de milliers d'armes commandées par l'Etat, fera appel à de nombreux sous-traitants dans toute l'Europe. La firme Potts & Hunts par exemple fournira 2720 chassepot qui seront  attribués à la Marine Impériale.
La défaite de 1871 sonne le glas du Chassepot, ses défauts intrinsèques et les énormes pertes en matériels lui ont été fatals. L'adoption du Mauser 1871 par la Prusse accélerera son remplacement  par le système gras 1874. Le Chassepot  finira ses jours en arme de surplus vendues par St-Etienne. Les derniers utilisateurs militaires seront les marins qui le garderont jusqu'en 1878 date à laquelle lui succède le Kropatschek de marine mle 1878.

IV) Fonctionnement et constitution:

Le "Chassepot" comprend quatre parties: l'ensemble canon-boîte de culasse, la culasse, le bois et les garnitures.

L'ensemble canon-boîte de culasse est composé du canon sur lequel vient se visser à sa partie postérieur la boîte de culasse.

 


Le canon porte les organes de visée et le tenon de baïonnette, la hausse est du type à gradin et curseur et le guidon est fixe.

 
   
 
hausse sur cran 150 m:
(hausse de combat)
hausse sur cran 350 m:

hausse relevée sur cran 500 m:

NB: sur la version précédente la planche de hausse avait été malheureusement inversée... , merci à Luc de m'avoir permis de réparer cette erreur ;-).
 


numérotation des crans de la hausse:
guidon:
tenon de baïonnette:

baïonnette montée:


hausse modèle 1874 avec sa planchette supplémentaire:

La boîte de culasse est entaillée d'une saignée permettant le passage de la culasse mobile. Il n'y a pas de magasin, l'alimentation se faisant manuellement au coup par coup.




culasse fermée:



culasse ouverte:
(l'armement se fait en deux temps:
1) le chien est amené manuellement au cran d'armé
2) la culasse est ouverte)



culasse à la position de sûreté:
(la mise à la sûreté s'effectue en quatre temps:
1) ouverture de la culasse
2) introduction d'une cartouche dans la chambre
3) mettre le levier de culasse à 45°
4) appuyer sur la détente en retenant le chien de façon à le placer
dans le cran de sûreté



chien au repos
(1° modèle):
chien à l'armé
(1° modèle)


chien au repos
(2° modèle):
chien à l'armé
(2° modèle):

La culasse comprend quatre parties principales, le chien, le corps de culasse, la tête de culasse et l'aiguille:


 
 
   
chien:


tête de culasse montée:
(ici, vue de l'obturateur en caoutchouc)

tête de culasse nue:


 
 
 
quadrillage sur levier d'armement:
(ce quadrillage disparait à partir de 1868)
levier d'armement post 1868:

culasse:





cartouche mle 1866:



Le bois est en une seule pièce, il est entaillé dans sa partie inférieure avant d'une saignée pour le passage de la baguette de nettoyage, il porte également les ressorts de grenadière et d'embouchoir:

   


Les garnitures sont constituées des fixations du canon au bois, de la plaque de couche et du pontet:



grenadière:

embouchoir:

 
 
 
plaque de couche:
battant de crosse:
pontet:


Le côté gauche de la boîte de culasse comporte le marquage du fabricant et celui du modèle:



marquages de la
Manufacture Impériale de Châtellerault:
marquages de la
Manufacture Impériale de Tulle:


marquages de la
Manufacture Impériale de Mutzig:
marquages de la
Manufacture Nationale de St-Etienne:


marquages de la firme
Glisenti à Brescia (Italie)
(sous-traitance pour Cahen Lyon et cie):
marquages de la firme
Potts et Hunts à Londres
(sous-traitance pour Cahen Lyon et cie):
   

Le côté latéral gauche du canon comporte le marquage de l'année de fabrication précédée d'une lettre de série:


 
 
marquages de la
Manufacture Impériale de Châtellerault
(lettre A, B ou C)
marquages de la
Manufacture Impériale de St-Etienne
(lettre F, G, H, K, L, M, N, P ou Q)
marquages de la
Manufacture Impériale de Tulle
(lettre R, S ou T)
 


marquages de la
Manufacture Impériale de Mutzig
(lettre D ou E)

marquages de la
firme privée Cahen Lyon et cie
(lettre U et V)
 
Le côté latéral droit du canon comporte le marquage de l'année de fabrication précédée d'une lettre:


 

marquages de la
Manufacture Impériale de Châtellerault
(lettre C)
marquages de la
Manufacture Impériale de St-Etienne
(lettre S)
marquages de la
Manufacture Impériale de Tulle
(lettre T)
 

Autres marquages:




n° sur la crosse:
n° sur la culasse:
n° sur le chien:



n° sur le tenon de baïonnette:
macaron de crosse:
(MI pour Manufacture Impériale)
ici une fabrication du juin 1870
macaron de crosse:
(ME pour Manufacture d'Etat)
ici une fabrication du mars 1871

La plupart des pièces comportent différents poinçons de réception, en général  une lettre, parfois couronnée, entourée d'un cercle:


V) Démontage-remontage:

Démontage sommaire:

Le soldat n'était autorisé à démonter son arme que sommairement. L'entretien courant  consistait donc à nettoyer le canon avec la baguette de nettoyage et à nettoyer la culasse des résidus de poudre. L'état de l'aiguille et du joint de caoutchouc devait être également surveillé car tout deux très fragiles.

Le démontage sommaire se limite à la dépose de la culasse, très simple il se fait en trois phases:
  • armer le chien puis ouvrir la culasse,
  • dévisser la vis située sur le côté droit de la boîte de culasse et la déposer.
  • sortir la culasse par l'arrière.




Démontage complet:

Le démontage complet devait être assuré par l'armurier de la compagnie ou du régiment car lui seul possédait l'outillage spécialisé.
Il consiste en quatre phases:
  • dépose de la culasse comme pour un démontage sommaire,
  • séparation de l'ensemble canon-boîte de culasse du bois.
  • dépose des garnitures.
  • démontage de la culasse
1° phase:
dépose de la culasse: voir démontage sommaire
2° phase:

Séparation de l'ensemble canon-boîte de culasse du bois:
  • sortir la baguette de son logement,
  • chasser la lame-arrêtoir de son logement sur l'embouchoir et déposer ce dernier,
  • chasser la lame-arrêtoir de grenadière et déposer cette dernière,
  • dévisser les vis de pontet et les déposer, séparer le pontet du bois,
  • dévisser la vis de queue de culasse et la déposer, déposer la contre plaque de pontet,
  • séparer l'ensemble canon-boîte de culasse du bois.


3° phase:

dépose des autres éléments de l'arme:
  • dévisser les vis de l'ensemble détente-ressort de détente et les déposer, séparer l'ensemble détente-ressort de détente de l'ensemble canon-boîte de culasse,
  • dévisser les vis de la plaque de couche et les déposer, séparer la plaque de couche du bois,
  • dévisser les vis du battant de crosse et les déposer, séparer le battant de crosse du bois,


ensemble détente-ressort de détente déposé:
(nota: la contre-vis est ici absente)

 

4° phase:

démontage de la culasse:
  • dévisser la vis de tête de culasse, séparer la tête de culasse de la culasse,

  • dévisser le bouchon de culasse et extraire l'ensemble de percussion du corps de culasse,

  • faire coulisser le manchon de percuteur et le déposer, séparer l'aiguille de son porte-aiguille,

  • ôter le ressort de percussion et le bouchon de culasse,

  • chasser la goupille de la noix et déposer cette derniere,
  • chasser la goupille du galet de chien et déposer ce dernier,

   

Remontage complet:

Dans le sens inverse du démontage en n'oubliant pas les coups de bon fonctionnement pour s'assurer de la réussite du remontage...


VI) Accessoires:

  • 1 bretelle en cuir,



  • 1 porte-baïonnette,

  • 1 baïonnette (sabre-baïonnette Mle 1866) et son fourreau,



  • 1 baguette de nettoyage fixée à demeure sur l'arme,

 


baguette en place sur l'arme:
gros plan de la tête de baguette:


  • 1 nécessaire d'arme modèle 1866,
 
  • 1 ceinturon,

  • 1 giberne,

  • 1 poche à cartouches (pour des paquets de 9 cartouches).
 

VII) Divers:



vue droite avec baïonnette montée: