L'adoption du MAS 36 fait faire un bond en
avant à notre armement individuel comparativement aux désuet
Lebel qui est toujours en service à la veille de la deuxième
guerre mondiale. Néanmoins, au moins une partie du Lebel survivra
sur la nouvelle arme, sa baïonnette ou disons plutôt la lame de
celle-ci. En effet la lame de la baïonnette du MAS 36 conserve le profil
à quatre pans creux de la célèbre "Rosalie", appellation
de l'épée-baïonnette modèle 1886. La grande innovation
de la nouvelle baïonnette réside dans son mode de fixation au
fusil, les ingénieurs ont intégrés au fût du MAS
36 un logement qui permet à la fois le transport de la baïonnette
"à l'envers" pour la position de transport et "à l'endroit"
pour la position de combat, il suffit à l'utilisateur d'appuyer sur
le levier-arrêtoir, d'extraire la baïonnette de son logement et
de la retourner, simple et efficace! Cela permet de plus au tireur de ne
plus avoir de porte fourreau au ceinturon, le gain est léger en terme
de poids mais on y gagne au niveau pratique.
La baïonnette du MAS 36 aura une longue carrière puisqu'elle
sera utilisée sur les MAS 36, MAS 36 CR 39 (dans sa
version courte), MAS 36 LG 48 et sur le dernier de la famille le MAS
36-51, et puisqu'après tout on ne change pas une équipe
qui gagne nos ingénieurs l'adapteront sur le premier fusil semi-automatique
adopté après guerre, le FSA 44. Une bien longue
carrière pour une baïonnette qui aura un défaut majeur,
celui de ne pas pouvoir être utilisée comme poignard du fait
de l'étroitesse de sa poignée et de l'absence de tranchant.
On peut classer les baïonnettes du MAS 36 en deux types:
*le premier type est celui apparu avec les premiers MAS 36, on le reconnait
au premier coup d'oeil par l'absence de trou sur la poignée. La finition
est bronzée et le numéro matricule de l'arme y est apposé.
*le deuxième type voit l'apparition d'un trou sur la poignée
(voir détails plus bas). Etant donné que ce trou devait être
apposé sur toutes les baïonnettes il ne devrait plus y avoir que
des baïonnettes 2° type mais certaines ont échappés
au foret tout comme certains fusils Gras ont échappés à
la modification de 1880.
Ce 2° type concerne donc deux types de baïonnettes, les 1°
type qui ont été rappellées en arsenal pour être
modifiées et les 2° type fabriquées neuves. La seule manière
de reconnaitre une baïonnette du 1° type ayant subie la modification
2° type consiste à observer le traitement de surface. Si la baïonnette
est encore bronzée et si le trou usiné par le foret est vierge
de tout traitement on a affaire à une baïonnette du 1° type
modifiée. Autre détail la présence d'un numéro
matricule car les baïonnettes du 2° type construites neuves
n'en comportent pas. Ces dernières sont de plus phosphatées
dès la fabrication mais certaines baïonnettes du 1° type dont
le traitement de surface était altéré ont été
phosphatées après passage en arsenal.
NB: la présence d'un moletage droit ou oblique n'indique en rien
une baïonnette du premier ou du deuxième type, tout comme la
présence d'écrous de poignée différents. On trouve
indifféremment des moletages droits ou obliques sur les deux types
de baïonnettes comme le montrent les photos qui suivent.
En résumé:
*baïonnette du premier type:
pas de trou-bronzage-présence
ou non d'un matricule.
*baïonnette du premier type modifiée:
présence du trou-bronzage ou phosphatage-présence ou non
d'un matricule.
*baïonnette du deuxième type:
présence du trou-phosphatage-absence
de matricule.
|
baïonnette du premier type:
|
vue droite:
|
|
vue gauche:
|
|
poignée vue droite:
NB: le traitement de surface est bronzé.
|
|
|
notez l'absence de trou
sur la poignée:
|
gros plan du moletage
droit:
|
|
|
numéro matricule
de l'arme auquelle la baïonnette est affiliée:
NB: on trouve des baïonnettes du premier type sans matricule.
|
gros plan du moletage
oblique:
|
|
|
vue des deux types
d'écrous de poignée, celui du haut est légèrement
plus épais que l'autre.
|
exemple de marquages
figurant sur l'écrou de poignée:
|
|
baïonnette du deuxième type:
|
vue droite:
|
|
vue gauche:
|
|
poignée vue droite:
NB: le traitement de surface est phosphaté, néanmoins il est
possible de trouver des baïonnettes du 1° type modifiés en
2° type par perçage du trou dans la poignée mais que l'on
n'a pas phosphatées car leur traitement de surface était encore
bon.
|
|
|
présence d'un
trou sur la poignée:
(ce trou permettait le démontage lorsque deux soldats facétieux
s'amusaient à emmancher deux armes l'une dans l'autre en utilisant
une seule baïonnette... avec le MAS 36 premier type les armes restaient
solidaires car le poussoir de baïonnette n'était plus accessible,
avec ce dispositif il suffit désormais d'introduire un chasse goupille
dans le trou afin d'effacer le verrou et de désolidariser les deux
armes)
|
gros plan du moletage
droit:
|
|
|
sur les baïonnettes
du 2° type le numéro matricule de l'arme n'est plus inscrit:
|
gros plan du moletage
oblique:
|
|
baïonnette du MAS 36 CR 39:
|
vue gauche:
comparaison entre une baïonnette de MAS 36 (en haut) et une baïonnette
de MAS 36 CR 39,
la seule différence est la longueur de la lame qui est ramenée
à 290 mm dans le cas du CR 39 (longueur totale=384 mm).
|
autres variantes:
|
baïonnette de MAS 36 chromée utilisée
par la Garde Républicaine dans les années soixante.
NB: le chromage est apparent uniquement sur la partie visible de la baïonnette
lorsque celle-ci est au canon.
la partie de la poignée destinée à être invisible
(donc dans son logement) est laissée bronzée ou phosphatée
suivant le cas.
|
|
Existe sous une base de baïonnette 1°
ou 2° type comme sur ces deux exemplaires:
NB: le traitement de surface de la baïonnette du dessous a pratiquement
disparu, il devrait être aussi foncé que sur la baïonnette
du dessus.
|
|